Le billet de Didier Saint-Georges (Carmignac) sur l’économie et les marchés, sans langue de bois…

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(…) Même si une simple manière d’être constitue un acte de résistance bien dérisoire face à la barbarie, c’est bien en elle que s’incarne au quotidien, fût-ce très modestement, l’une de nos valeurs les plus chères.

Dans la sphère professionnelle, c’est pour beaucoup d’entre nous j’espère, en affirmant notre autonomie de pensée, contre toutes sortes de pression, souvent celle du plus grand nombre.
En se sentant libre de défendre ses convictions, parfois avec acharnement, autant que d’en changer si on le considère justifié, ou reconnaître ses erreurs et d’oser les corriger.
Ça demande parfois un peu d’opiniâtreté, mais qui a dit que garder un esprit libre était facile ? Dans leur domaine, les investisseurs devraient peut-être aujourd’hui vérifier s’ils ne sont pas prisonniers de leurs habitudes.
La plupart ont souvent tendance à trouver difficile de renoncer à des stratégies qui les ont bien servis pendant une longue période.

(…) Notre conviction aujourd’hui, c’est qu’il y a lieu de remettre en cause la tendance de marché des sept dernières années.

Aux États-Unis, le marché n’a pas pris la mesure du risque de ralentissement économique qui s’annonce
(…) Même avec un léger relèvement des revenus moyens, une accélération de la consommation aux États-Unis est très improbable.
(…) Cette perspective globale n’est pas aujourd’hui reflétée dans l’indice S&P 500 (toujours à 2% de ses plus hauts niveaux).
(…) La remontée annoncée des taux d’intérêt, s’exerçant sur un endettement net des entreprises américaines qui a augmenté de 80% en trois ans, passant de 1,5 trillion de dollars en 2012 à près de 2,8 trillions aujourd’hui, va immanquablement exercer un coup de frein sur le dopage des résultats par action.

L’embellie cyclique que connaît l’Europe depuis le début de l’année a épuisé l’essentiel de son potentiel
Selon les dernières statistiques disponibles, le quatrième trimestre devrait confirmer la poursuite de l’embellie. Mais il y a de plus en plus de raisons d’anticiper une décélération de la zone euro dans les prochains trimestres.
(…) Face au cycle économique global et aux pressions déflationnistes qu’exacerbe le ralentissement émergent, on est en droit de ne pas se faire trop d’illusions sur l’impact de ces mesures.

Cette analyse peut sembler alarmiste ou prématurée
Mais force est de constater que sept ans après la grande crise de 2008, le traitement de cette dernière par les Banques centrales n’a pas permis d’atteindre davantage qu’une croissance économique très médiocre, tandis que les risques liés au système financier ont augmenté.
La réaction des investisseurs à cette divergence peut bien encore quelque temps demeurer anesthésiée par la foi dans le soutien magique des Banques centrales.
Mais le ralentissement émergent, ainsi que la tentative de normalisation de la politique monétaire américaine, élèvent aujourd’hui significativement selon nous le niveau de fragilité des marchés.
le moment nous semble venu, pour toute gestion active soucieuse de préservation du capital, d’affirmer sa liberté à l’égard des indices.

Cela signifie réduire son « bêta », c’est-à-dire son exposition au risque de marché, et au contraire utiliser très largement la génération d’alpha comme moteur de performance et, in fine, comme outil supplémentaire de gestion des risques.

Rédigé par cpac

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